Jérôme a une double casquette : président du ReNArd depuis 2015, il est également éleveur bio sur la commune de Bâalons.
Avec cette place très importante que tu donnes à la protection des milieux naturels, que t’es-tu imposé de plus dès le début de la conversion ?
Plusieurs choses. D’abord j’ai replanté en bordure de parcelles des arbres fruitiers et des arbustes que la plupart des agriculteurs arrachent comme de l’aubépine ou des pruneliers, mais qui sont bien utiles pour les oiseaux. Cela servira également de brise vent et ralentira l’érosion des sols. J’ai aussi choisi le non-labour dès le début. Je n’ai jamais utilisé la charrue et l’enherbement se gère bien avec la herse étrille, les couverts... Il faut éviter d’enfouir la matière organique dans le sol, c’est une aberration. Quand on regarde le sol des forêts, rien n’est enfoui et pourtant c’est un sol très fertile. Le non-labour permet d’améliorer la vie du sol, de préserver les organismes qui travaillent pour nous. En plus ça fait des économies de carburant ! Pour la fertilisation des cultures j’utilise uniquement mon fumier. C’est l’avantage d’un petit système en polyculture élevage, on peut faire un cycle entre les différents ateliers.Je ne voulais pas faire du bio comme on fait du conventionnel. La nature doit pouvoir jouer son rôle.C’est aussi ce principe que j’applique sur mon troupeau. Je ne coupe pas les cornes, si elles sont là c’est qu’il y a une raison. Pour la santé, j’utilise uniquement l’homéopathie et l’aromathérapie, sauf si problème grave où je fais appel au vétérinaire mais c’est très rare. Les résultats avec les médecines alternatives sont très bons. Je travaille surtout sur la construction d’une immunité pour mes animaux. La plus grande part du travail est faite avec beaucoup d’observation. Les vaches nous parlent autrement qu’avec des mots, il y a des signes : un poil terne, un nez qui coule... qui permettent de trouver des pistes pour soigner.
Et tu continues à développer des projets de ce genre ?
Oui bien sûr. J’ai suivi le programme #AIE avec l’association ReNArd, le Regroupement des Naturalistes Ardennais, qui a permis la plantation d’1 km de haies en 2019 sur ma ferme. Toujours avec le ReNArd, j’ai créé une mare dans une zone humide de la ferme pour compléter le maillage des corridors écologiques. En quelque semaines j’ai vu la vie réapparaître. On a placé des pièges photos et on a pu observer une grande diversité d’animaux : raton laveur, chevreuil, buse, hibou grand-duc, libellules, grenouilles, triton... Et évidemment cela peut servir d’abreuvoir pour les vaches ce qui n’est pas négligeable !
Découvrez l'article de Bio Grand-Est de juin 2020 : https://biograndest.org/…/…/2020/05/LAB30_JUIN2020_web_.pdf…